Le 14 juillet 2020, je terminais The Last of Us Part II et à l’heure où j’écris ces lignes, je ne m’en suis toujours pas remis. Durant la trentaine d’heures que j’ai consacré à l’aventure d’Ellie et d’Abby, j’ai été confronté à des sentiments très forts, variés et souvent contradictoires.
Été 2015, soit deux ans après la sortie du jeu The Last of Us, j’avais découvert un monde en ruines laissé aux infectés et dans lequel tentent de survivre des groupes armés aux convictions et intentions diverses. La temporalité de l’aventure s’est étalée dans le temps – de l’été 2033 au printemps 2034 – et dans l’espace, avec une belle traversées des États-Unis. Le jeu est donc découpé de belle façon en chapitres saisonniers avec des décors somptueux qui s’adaptent au lieu et à la météo.
Salt Lake City, le tombeau des lucioles
Je faisais la connaissance d’Ellie et de celui qu’on pourra considérer comme son « vieux adoptif », Joel. Leur relation se construit de Boston à Salt Lake City où Ellie doit être amenée. Cette dernière a une particularité ; bien qu’ayant été mordue, elle ne développe aucun signe d’infection et ne tourne pas en créature assoiffée de chair. Elle représente en ce sens l’espoir pour le groupe armé des Lucioles qui espère trouver un remède à la maladie. Mais voilà, il aurait fallu réaliser une intervention où Ellie y aurait laissé sa vie. Et ça, Joel n’était pas prêt de l’accepter et sera l’auteur d’un massacre pour sauver sa protégée.
Cet acte majeur est à la fois l’épilogue du premier jeu et l’élément fondateur de ce qui suivra. De plus avant le générique de fin, il jure à Ellie que les lucioles n’étaient pas en capacité de trouver de remède et avaient même abandonné l’idée d’en trouver un. Ce mensonge, nous l’apprenons dans Part II, va jeter un froid entre les deux personnages, et Ellie, en quête de vérité ne lui pardonnera pas.
Une histoire « deux » vengeances
La sortie de The Last of Us Part II est un véritable événement. J’ai attendu impatiemment l’activation du jeu que j’avais préalablement téléchargé ; le jeudi 19 juin à minuit, il était temps de retourner à Jackson.
La première cinématique nous montre Joel se confiant à Tommy sur le choix difficile qu’il a dû faire en sauvant sa protégée. Puis nous retrouvons Ellie le temps de nous refaire la main avec les éléments de gameplay. Nous laissons Ellie et Dina pour rejoindre Abby. On devine aisément qu’elle fait partie d’un clan hostile à celui de nos héros. Après quelques circonvolutions, Abby va être submergée par des infestés relativement motivés par le fait de se délecter de votre chair.
Au terme d’une séquence de fuite extraordinaire, elle va être sauvée in extremis par Joel et Tommy. Ces derniers la ramènent alors auprès des siens. C’est alors que la narration nous mène au premier climax de l’histoire. Pour remercier ses sauveurs, Abby explose la jambe de Joel d’un tir de fusil à pompe à bout portant.
Ellie, qui était partie à la recherche des deux frères, est capturée à son tour et assiste impuissante, et nous aussi, à la mise à mort de Joel. Et c’est un véritable choc. J’ai ressenti de la colère. Et durant quelques jours je me suis même refusé à y jouer.
Durant les différents flashbacks qui servent à la narration, on apprendra que Joel lui aura finalement avoué la vérité. Avant sa mort, Ellie ne lui a pas pardonné, et cet impossibilité à le faire un jour ne fera qu’exacerber la haine qui anime notre héroïne.
Ce choix de la part de Naughty Dog de briser le duo Ellie-Joel révèle, avec froideur, un nouveau paradigme de The Last of US et démarre un vériable cycle de violence et de haine pour Ellie.
Nous allons donc jouer successivement Ellie et Abby dans des séquences assez familières pour les joueurs du premier épisode. Le scénario assez simple finalement, nous mettra face à des scènes d’infiltration, de fuite – et pas d’excès d’héroïsme, il faudra fuir – de fusillades mais aussi de contemplation.
Tout cela nous amènera au face à face tant attendu entre les deux personnages. Le développement des personnages est incroyable et fait naitre en nous une dualité. D’ailleurs les Internets se divisent en team Ellie et en team Abby.
« The Last of Us Part II » porte bien son nom, ce n’est pas « The Last of Us 2 ».
Générique de fin ?
Last of Us part II est magnifique, en tout point. C’est fluide, les expressions des visages sont à couper le souffle. On sent qu’on arrive avec ce titre au plein potentiel de la PS4. La jouabilité a été améliorée par rapport au premier épisode, cela ne vous empêchera pas d’être en panique, lorsque surpris par un monstre énorme et horrible, et de ne plus retrouver vos touches.
Qu’est-ce qui a fait que Part II ait été à ce point une épreuve psychologique pour les joueurs ?
Je me suis certainement retrouvé dans la figure paternelle représentée par Joel. Autant dire que la violence de sa mort et le fait de devoir jouer son assassin était un des facteurs importants. Il a fait un choix qui lui aura coûté la vie. Celui de sauver Ellie à la fin premier acte, quitte à sacrifier des vies, nous semblait totalement justifié. Et ce même choix finalement ne nous semble plus si légitime au fur et à mesure qu’on apprenait à moins détester Abby.
J’ai aimé The Last of Us, j’ai aimé détester The Last of Us Part II, pour finalement l’adorer dans sa substance. L’aspect jeu vidéo, passe alors au second plan et ce, même si il reste tout à fait convenable et ludique. L’humanité n’est peut-être qu’une question de point de vue. Est-ce à nous de définir qui est moral, qui est bon et qui est humain ? On risque alors de pouvoir légitimer chacun de nos actes quels qu’ils soient, sans penser aux dérives et conséquences.
Pour conclure, je dirai que The Last of Us Part II n’est pas le meilleur jeu sur PS4, c’est plus que ça. The Last of Us dans sa globalité, est selon moi, la meilleure expérience humaine que vous pourrez vivre sur la console de SONY.