Une syzygie du cœur, du corps et de l'esprit

Poésie ininterrompue

Ton corps, ce poème

Ton corps tout entier racontait un poème
Porté par ces mots qui n’existent plus.
Je les imagine faire écho à ces flots rebelles
Qui venaient s’écraser sur la roche ;
Et perler sur ta peau.

 

Les souffles coupés

Toi aussi tu penses encore
À nos morsures à l’aube,
À nos étreintes serrées
Et nos souffles coupés ?

Me le dirais-tu ?

Déraciné

Passé périmé
Caduque est le cerisier
Ma vie devant moi

Mon île

Naviguer à vue
Tes lèvres au crépuscule
Et jeter l’encre

La source

Alors que ta peau a déserté ma peau,
Mon esprit est surpeuplé de pensées pour toi.
Elles dansent et chantent à mon âme
Tous ces poèmes que je sais écrire pour toi.

 

L’incomplétude

Il manque à l’air le parfum de ta peau.
Il manque au silence ce soupir
Lorsque je te respire.

 

Intrication

Qu’est-ce qu’une année lumière
Pour deux cœurs intriqués
Qui se veulent dans les bras ?
Qu’est-ce qu’une année lumière
Pour deux corps intriqués
Qui se veulent sous les draps ?

 

Que reste-t-il à conjuguer ?

La peur de l’incertitude
Nous amène trop souvent à
Préférer l’imparfait,
Douter du présent
Et interroger le futur.

Les déserts noirs

Dans ces déserts devenus blancs ;
Quelles sont donc les ténèbres
Que je n’ai pas encore exploré ?
Dans quelle obscurité
Pourrais-je enfin nous retrouver ?
Qui se souvient que c’est en plein jour ;
Et aveuglé, que je nous avais égaré.

Polymorphe

J’envie le silence ;
Car dans ta solitude, il n’y a que lui
Qui chuchote encore à tes oreilles.
J’envie la solitude ;
Car dans la nuit, il n’y a qu’elle
Qui demeure en ta compagnie.
J’envie la nuit ;
Car au matin, tu sais rompre avec elle.
Et au crépuscule, revenir à elle.

 

Ma dette

J’ai peut-être été trop heureux dans une autre vie.

Ou bien j’ai dû vivre heureux à crédit.

Combien de vies me restent-il à épuiser pour effacer ma dette ?

Noire

La peine et l’oubli.
Le noir et l’ennui.
Pour mille nuits en plein jour.

Madère

Un jour, j’irai à Madère,
À la rencontre des arbres à fleurs.
Ces derniers ne savent pas
Que tu ne m’aimes plus.
Ils continueront de croire
Que tout est beau,
Que tout est vrai.

Un jour, le dernier des hommes ira à Madère,
À la rencontre des arbres en fleurs.
Ces derniers ne lui diront pas
Que tu ne m’aimais plus.
Il continuera de croire
Que tout était beau,
Que tout était vrai.

Photo : Jessica Evrard

Immortels

Tu savais me rendre fort et vulnérable.

Tu savais figer le temps.

Nous étions beaux,
Nous étions immortels.